A propos du programme Les Entrep’
À l’époque, pourquoi avez-vous participé au programme Les Entrep’ ?
J’ai décidé de participer au programme Les Entrep’ car j’avais déjà l’idée de créer une entreprise à l’époque. Ça faisait un petit moment que je pensais à ça. J’ai eu cette chance de participer quand j’étais en 3e année de mon parcours d’ingénieur. Les Entrep’ était présent à Laval quand j’étais à l’ESTACA (école d’ingénieur aéronautique et automobile de Laval). C’était une bonne opportunité, un point de départ…
L’élément déclencheur a été l’idée que j’ai eue, liée à ma passion des drones. Le projet était un drone de sauvetage qui permettait un appui aérien… Au sauveteur/nageur par exemple, par le soutien d’un drone qui relâcherait une bouée à proximité de la personne en difficulté dans l’eau. Ça, c’était ma proposition de départ.
Pour ce qui est des raisons qui me poussaient à suivre le programme… En fait, il n’y a pas vraiment de raison. C’est juste que j’avais vraiment envie de participer au programme, j’avais vraiment envie d’apprendre. Pour moi, Les Entrep’ c’était une sorte de formation supplémentaire qui m’ouvrait un accès au monde de l’entrepreneuriat. J’avais accès à différentes ressources, des personnes qui témoignaient de leur expérience, des personnes qui donnaient des cours ou de la littérature… Pour toutes ces choses, j’étais personnellement très intéressé pour participer à Les Entrep’, pour suivre le programme. Et également pour motiver d’autres élèves à se joindre à moi.
À quel moment avez-vous eu le déclic pour lancer votre start-up ?
J’ai commencé quelques petits business alors que j’étais étudiant. Des petites affaires… Pas des start-up ! Souvent, des business de vente : j’achetais des produits, de technologie en général, à l’étranger que je revendais en France. De l’import-export en quelque sorte. Ça restait des petits business, ce n’était pas quelque chose d’énorme. Je faisais ça plus dans mon coin.
Par contre, après m’être lancé dans Les Entrep’, j’ai appris les bonnes démarches, comment ça fonctionnait… En parallèle, j’avais le rêve d’aller aux États-Unis pour ses opportunités d’affaires. J’ai combiné le fait de, grâce à mes études, pouvoir aller faire des stages à l’étranger, et le fait d’avoir appris pas mal de choses sur la création d’une entreprise, via Les Entrep’.
J’ai eu le déclic pour lancer ma start-up à la fin de mes études… Pas à la sortie du dispositif Les Entrep’ puisque j’avais encore 2 ans d’études après ça ! J’ai donc dû attendre deux ans qui aujourd’hui m’ont couté chers malheureusement puisque j’aurais pu réussir beaucoup mieux mon affaire si j’avais commencé deux ans plus tôt. On ne le sait pas jusqu’à ce que ça nous arrive…
Toujours est-il que j’ai commencé à travailler tout de suite après mes études, en 2016, alors que j’avais même fait mon stage de fin d’études dans ma propre entreprise que je venais de lancer. L’entreprise Verydrone Inc. était créée en janvier 2016.
Comment se passe votre vie d’entrepreneur et quelles sont les perspectives d’avenir pour votre boîte ?
Bonne question ! Ce qu’il se passe c’est que j’ai créé cette boîte il y a maintenant deux ans et demi. La machine a mis environ six mois à vraiment démarrer, à faire du business. L’entreprise ? Je vous parlais tout à l’heure d’un drone de sauvetage… Ce n’est pas du tout ça. Ce que j’ai fait finalement : j’ai créé une société qui vend des drones aux États-Unis, sur Internet. De l’e-commerce. Verydrone c’est également un magasin dans une ville, ici aux USA, en Floride, du côté de Pompano Beach.
Verydrone, l’entreprise, vend des drones achetés aux distributeurs de gros. Elle propose aussi du service : des cours de pilotage, de la prise de vues aériennes et beaucoup de services pour les entreprises. Cette partie est plutôt destinée aux grosses compagnies qui utilisent des drones pour optimiser leurs process. Ça peut être différentes industries : agriculture, surveillance, services publics… Il y a énormément de domaines.
On a débuté et suite à un investissement privé, les chiffres de la boîte ont explosé assez vite. La première année, en 2016, on a dû faire $ 250 000 de chiffres d’affaires. Ce n’est pas trop mal pour nos premiers mois sachant que ce n’était que le lancement de la boîte. Ça, c’est grâce au fait que le drone soit en plein boom aux EU. La deuxième année, en 2017, on a dû faire un peu plus d’1,3 million. Et en 2018, on a dû dépasser déjà le million au bout de quelques mois. C’est vraiment une croissance impressionnante. Le problème est les marges sur les ventes. En effet, la part du service est très petite, on génère la plupart de nos revenus surtout grâce la vente. Mais les marges avec ce distributeur sont très petites.
Cela conduit au fait que je cède la société. L’entreprise a été vendue à un géant du drone aux states. Il s’appelle Drone Nerds. Elle a été vendue en juillet 2018, il y a quelques jours en fait. Ce qu’il faut retenir aussi c’est beaucoup de challenge. Ça a été très dur les premiers mois avant que ce soit rentable. Pendant les 6/8 premiers mois, ont faisait beaucoup de revenus mais ça ne permettait pas d’être rentable. C’est donc très dur de passer cette période lorsqu’on puise sur ses économies personnelles pour pouvoir vivre sans même avoir l’ombre d’une réussite financière derrière. On ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer, ça c’est assez difficile.
Cependant, quand on sait qu’on a mis au point un bon business plan, qu’on a investi au bon endroit, qu’on a bien planifié, qu’on a bien sélectionné ses employés, qu’on a des employés qualifiés, qu’on a un management bien en place, que tout le monde est motivé pour travailler et qu’évidemment il y a des parts de marché à prendre, la croissance suit toute seule ! Donc, pour ce qui est de la réussite, effectivement, il y a là quelque chose d’assez spectaculaire, un développement assez spectaculaire.
Pour une entreprise qui a moins de deux ans, ça reste un chiffre d’affaires remarquable. Après, c’est bien sûr parce qu’elle est implantée aux États-Unis. En France, ça doit très certainement exister des entreprises à très forte croissance comme ça mais aux EU une entreprise qui fait 1 ou 2 millions après sa première année ou sa deuxième année ce n’est pas non plus énorme. En effet, il y a pas mal d’entreprises qui explosent grâce au web, grâce à tout ce qui se fait en ligne.
Alors, c’est vrai, il y a eu une réussite mais ça a bloqué au niveau des marges… Les opportunités il y en a énormément dans l’industrie du drone mais ça coince devant le financement. C’est très dur voire (presque) impossible de trouver des investisseurs pour des business model basés sur l’achat à un distributeur pour la vente à une marge très faible. Il aurait fallu plusieurs millions pour pouvoir saisir toutes les opportunités qu’on avait et à partir d’ici ça aurait pu être gigantesque. Bon, la boîte a été vendue.
Que « doit » le chef d’entreprise que vous êtes aujourd’hui devenu au programme ?
En tout cas, c’était une super expérience. J’ai appris. Pour moi, ça été comme une sorte de petit guide explicatif de l’entrepreneuriat, vivant ! En participant au programme Les Entrep’, j’utilisais ce guide, je vivais ce guide, je comprenais les bases de l’entrepreneuriat… C’est-à-dire tout ce qui est comptabilité, business plan, levée de fond, etc. C’est plein de choses différentes comme celles-là. On apprend alors qu’on n’a même pas conscience que ça existe à la base. Après, bien sûr, je suis allé me renseigner aussi ailleurs puisque Les Entrep’ qui ne dure que quelques mois ne permet pas de tout apprendre, d’absorber tout. Je pense que c’est une très très bonne porte d’entrée à l’entrepreneuriat… En France et même pour ceux qui veulent se lancer à l’étranger puisque ça permet de réunir toutes les bases nécessaires à construire des fondations très solides pour nos projets.
Donc oui, bien sûr que Les Entrep’ a fait partie de la réussite de Verydrone, bien sûr que ça été important pour moi et bien sur que je suis reconnaissant pour ça, avoir pu participer au programme Les Entrep’.